A Valparaiso je me suis installé un mois sur le passage Atkinson pour y vendre mes photos. Cet espace de promenade agréable sur le « Cerro Conception » est anciennement un des endroits les plus luxueux de la ville. Jusqu’à la construction du canal du Panama en 1914, Valparaiso était la principale escale pour les navires allant de l’Atlantique au Pacifique. C’est ainsi que les Anglais s’y sont établis au début du 19ème siècle pour y faire du commerce et ont durablement marqué la ville. On trouve encore sur le passage Atkinson une enfilade de maisons dans un style tout à fait britannique, chacune ayant son jardinet privatif. En contrebas s’enchainent la partie plane de la ville, le port, puis l’océan Pacifique que l’on peut tout de même encore apercevoir en faisant abstraction des discutables immeubles poussés pendant les années 1970…
Cet homme, s’il n’est probablement pas un vestige de ce 19éme siècle florissant, est sans doute une partie de son héritage comme son style tiré à quatre épingles semble en témoigner. En toute fin d’après-midi, quand le soleil avait tourné, ce monsieur passait devant mon stand de photos et sa promenade quotidienne me paraissait être un challenge chaque fois relevé brillamment. J’ai intitulé cette image « Sur la pente descendante » car malgré le regard droit, les rayures verticales et les pieds posés sur une surface plane, tout descend dans cette photo : l’inclinaison de la canne, les cages d’escaliers dans l’immeuble à l’arrière et même les nuages…
Texte associé :
Sur la pente descendante
Sur la pente descendante je suis en perte de vitesse.
Juste avant l’horizontale, avant que la douleur me cingle et me déshabille,
Je me tire à quatre épingles, des rayures verticales plantées dans les racines.
Ne me tirez pas un trait, ne me posez pas une dalle.
Même si je pissenlit, même si bientôt je chrysanthème,
C’est les deux pieds sur terre que j’irai jusqu’au ciel de la marelle.
A l’issue du jeu, avant de mordre la ligne, j’aimerais vous dire ceci :
Un jour votre sac sera vide. Vous poserez vos dernières lettres
Sans plus aucune chance de faire un scrabble.
Voilà c’était mon dernier mot, histoire de mettre les points sur les « i ».
Mais rassurez-vous, je me barre avant l’été !
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