Arequipa est une très jolie ville au sud du Pérou située à une altitude moyenne pour le pays de 2335m ; construite avec des pierres volcaniques on la surnomme « cuidad blanca » ce qui signifie « ville blanche ». Un passage ici vaut vraiment le détour, on y découvre notamment une ville dans la ville, le monastère de Santa Catalina dont les murs eux, sont bleus et rouges ! Ainsi juste avant de traverser la frontière avec le Chili, le Pérou va me laisser un très bon souvenir. J’avais l’impression qu’Arequipa se donnait pour remplir mon appareil d’images et m’offrir un moment photographique intense.
Le pas chancelant de cette femme que j’ai d’abord vue de dos m’a interpellé, elle marchait extrêmement courbée et semblait être une personne qui vit dans la rue. Je l’ai devancée puis me suis accroupi feignant de m’intéresser à la belle église de la place principale qui se trouve derrière. Quand elle est arrivée à ma hauteur elle a brusquement basculée vers moi en me regardant. Je ne pensais pas qu’elle ferait ce mouvement, j’ai lancé la bague de mise au point jusqu’à l’endroit précis où le hasard tache de bien faire les choses et j’ai déclenché. Cette vieille dame m’a presque fait peur en imprimant son regard sur la surface sensible de mon appareil… son œil voyage maintenant bien au-delà de la frontière avec le Chili.
Texte associé :
Deux encriers sur papier froissé
Il y a presque 100 ans
Au fond d’un état d’Amérique du nord
Naissait une douce enfant
Au teint cristallin et au regard d’or
Quand elle eut 14 ans
Alors devenue la plus belle qui soit
Un matin de printemps
Une vielle et sombre sorcière se présenta
Sous le pas claudicant
Une méchante reine lui apportait la mort
Pomme d’un rouge éclatant
Que l’enfant croque et son regard s’endort…
Bien des années plus tard
Qu’un prince l’ait sauvée, aimée puis quittée
Blanche neige est sans fard
Blanche neige a 95 balais
Le corps brinquebalant
Au sud elle traîne sa peau burinée
Et son regard d’enfant
Comme deux encriers sur papier froissé
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