Je suis à Buenos aires depuis plus de deux mois et je n’ai pas encore fait de photos. L’appareil est rangé, je suis très occupé à gagner des sous pour la poursuite de mon voyage et me renflouer un peu ; ainsi cela fait quelques semaines que je sors dans la rue avec des pâtisseries françaises plutôt qu’avec mon appareil photo. Vous allez me dire que si j’avais vendu directement l’appareil dans la rue j’aurais gagné plus… oui c’est juste mais je n’aurais pas fait cette photo !
Bref, dans une ville comme Buenos aires où l’offre culturelle est très riche tout autant qu’accessible, me voilà en manque artistique… Le bout du fil se cache dans la bobine et je ne sais pas comment le saisir, cela fait déjà 2 ou 3 fois que je sors à nouveau avec mon appareil, mais que je ne vois rien et que je reviens bredouille.
Au marché de San Telmo du dimanche, vers 18h les brocanteurs sont en train de ranger et en voici un beau spécimen. Je ne sais pas d’ailleurs si la bicyclette qu’il porte – car il s’agit bien d’une bicyclette et non pas d’un vélo, on est d’accord – est la sienne ou bien s’il s’agit d’une des marchandises de son étal. Toujours est-il que ce monsieur en une seconde a pu me reconnecter, ce fut instinctif : il est passé, j’ai shooté. Ca y est je tiens le fil, je peux de nouveau dérouler la bobine.
Texte associé :
Constat d’évidence
Constat d’évidence au matin fugace
Quand l’espérance cesse, que plus rien ne presse
Je place la bécane
A la bonne distance, à la bonne vitesse
Constat d’évidence à l’âge où je lâche
Chaînes de jeunesse et pignons d’ignorance
Les cannes à la carcasse
Tiennent la distance en état d’ivresse
Constat d’évidence ce matin s’efface
Des roues, des bâtons, déroute sous l’guidon
Voilà mon cycle passe
Je prends la distance et plus rien ne presse
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