A la fin du marché hebdomadaire du dimanche dans le quartier de San Telmo à Buenos aires on peut observer toute une organisation de jeunes garçons, une sorte de société miniature, masculine et hiérarchisée. Ils travaillent pour ranger les étals des brocanteurs, probablement les ont-ils aussi installés tôt le matin. Pour quelques maigres pesos, nombreux ils s’affairent pour désinstaller les grilles et les planches, pousser les charriots… mais pas tous. Certains plus détendus en effet sont adossés à un arbre, ont des baskets à la mode… ils sont visiblement chefs dans cette hiérarchie de poupées russes. Ce jeune garçon apparemment sur les barreaux du bas de cette échelle m’a déchiré le cœur de son air absent déjà marqué par la difficulté du labeur. J’ai aimé l’imaginer avec des rêves plein la tête et des dessins sur des carnets qui seraient cachés dans la besace qu’on aperçoit contre son flanc. Si tenté qu’il ne se résigne pas, il a effectivement la vie devant lui, le pendentif nounours qui s’exhibe en dehors de sa veste nous rappelle qu’il n’est pas encore tout à fait sorti de l’enfance.
Texte associé :
Miroir aux alouettes
Tout en bas de l’échelle
A des barreaux – on me dit qu’il faut que je grimpe
Y’en a trop jusqu’au ciel
Au-dessus de ma tête, j’en grille ma jeunesse
Je les porte ils m’éreintent
Bientôt m’enferment et me blessent
Mes cahiers d’écoliers
Ont tous des traits – on m’assure qu’ils vont me guider
Alors j’ai dans mon sac
Un beau carnet tout blanc qui jamais ne m’aligne
Me soumet son diktat
Ma liberté se dessine
Ces colliers, ces bijoux
N’y feront rien – on me flatte, oh que c’est joli
Mais quelle est cette fable ?
Ces histoires qu’on raconte pour m’enchaîner ici
Pendre mon âme au diable
Avec une laisse à mon cou
J’ai des rêves plein la tête
Et on se moque – on me promet des frustrations
Mais l’amour me guide
Pour bouger cette ligne, le changer l’horizon !
Oui miroir aux alouettes
Dis-moi que je décide
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