Nous sommes à Mashpi où il est courant que les journées entières soient coiffées d’une brume humide tellement dense qu’on se retrouve mouillé après avoir passé quelques heures à l’extérieur. A la suite d’une visite dans une exploitation de cacao pour y effectuer un volontariat je vais manger dans ce tout petit village invisible sur google maps et qui semble compter plus de poules que d’habitants. Une maison un peu en hauteur sur les chemins de terre me parait être un lieu où on va pouvoir me servir quelque chose à manger. Je crois que je suis le seul client ce midi à sortir de leur torpeur une veille femme et un petit garçon. Mais oui il est possible de me faire à manger. En Equateur le plat le plus répandu est le poulet/riz ; sans surprise elle me propose donc du poulet avec du riz. Mais cette fois je me dis que je vais enfin manger du vrai poulet fermier, qui gambadait il y a encore quelques heures devant leur maison. Non… le poulet n’a jamais couru, mais il a vécu d’autres aventures, celles de faire quelques heures de transport dans la chaleur puis des mois de congélo entrecoupés de quelques coupures d’électricité… la femme me répond que c’est malheureusement trop cher le poulet d’ici monsieur ! A celui-ci on réserve le voyage en sens inverse jusqu’aux restaurants chics de la capitale.
Quand les adultes marchent sur la tête il y a encore des petits garçons pour regarder à la fenêtre du monde et nous offrir un moment de poésie.
Texte associé : (devenu une chanson)
A la fenêtre du monde
Te reconnais-tu
A la fenêtre du monde
La douceur plein les yeux
Alors que le tonnerre gronde
Qu’il mouille tes cheveux
Te reconnais-tu
A la fenêtre du monde
La douceur plein les yeux
Puisse ton chant lui répondre
Que ce monde n’est qu’un jeu
Le noir, le noir, le noir derrière toi
L’herbe au bout des doigts
Comme, comme, comme l’arbre qui croît
Il dépasse les toits
Le noir, le noir, le noir derrière toi
L’herbe au bout des doigts, au bout des doigts, au bout des doigts
Te reconnais-tu
Des petites crottes aux paupières
Que la lumière décolle
Dessale ce qui tombe à terre
En saison de l’envol
Te reconnais-tu
A la fenêtre du monde
Emporté par le sol
Bu comme une rivière
Tes ornières en rigolent
Le noir, le noir, le noir derrière toi
L’herbe au bout des doigts
Comme, comme, comme l’arbre qui croît
Tu dépasses les toits, toi, toi…
Te reconnais-tu
A la fenêtre du monde
En haut des branches, gamin
Ici la lumière abonde
Te reconnais-tu
Allez va pour entendre le monde
Aveugle, confie ta main
Sors de galeries longues
En agile félin
Le noir, le noir, le noir derrière toi
L’herbe au bout des doigts
Comme, comme, comme l’arbre qui croît
Il dépasse les toits
Le noir, le noir, le noir derrière toi
L’herbe au bout des doigts, au bout des doigts, au bout des doigts